Sport, santé et performance, le blog du Dr Fabrice Kuhn

  Les secrets d'un médecin qui pratique le triathlon ironman, le marathon et l'ultratrail et qui a écrit Paléofit, pour booster vos performances

Par Fabrice Kuhn

Faire du sport ce n'est pas seulement brûler des calories

Faire du sport ce n'est pas seulement brûler des calories

Comment les bénéfices de la pratique sportive vont bien au-delà d'une simple dépense énergétique.

Croyez-vous que faire du sport c'est avant tout brûler des calories ?

C'est souvent, à ce que l'on voit dans les médias,  l'un des principaux bénéfices de la pratique sportive. D'ailleurs, on entend souvent que tel sport est meilleur qu'un autre car il permet de brûler plus de calories. C'est aussi ce que l'on entend à propos de telle séance qui va bruler plus de calories que telle autre.  Dépenser des calories nous rend-il meilleur ? Est-ce plus efficace pour la santé ?

Non. Tout n'est pas calorie !

Ne confondez donc pas calories brulées et bénéfices d'une séance d'entraînement. En effet, le bénéfice d'une séance d'entraînement ne se limite pas aux quelques calories que vous avez utilisées pour vous activer. Au contraire une pratique sportive équilibrée et organisée va favoriser bien d'autres bénéfices autrement plus importants. Et ce sont surtout ces bénéfices qui vont vous rendre en meilleure forme et en meilleure santé.

Les séances d'entraînement que vous effectuez sont des stimuli. Des stimuli vers la forme et la santé. Imaginez une séance d'endurance. L'effort consomme des calories bien entendu. Qui plus est une partie de ces calories dérive des lipides (du gras). Tout à fait d'accord ! Mais le bénéfice de vos efforts vient surtout des contraintes et des stress cellulaires que vous exercez. Ne voyez pas que le côté négatif du stress. Le stress c'est avant tout, et surtout s'il est contrôlé, un stimulus poussant votre organisme à s'adapter. Dans le cadre de votre séance d'endurance plusieurs stress seront mis en place : baisse du glycogène musculaire, hypoxie, baisse de l'ATP (la molécule énergétique par excellence), de déséquilibre calcique… Ces stress vont pousser votre organisme à s'adapter via des cascades de réactions biochimiques. Votre organisme va apprendre à mieux réagir face à un tel stress. Il va devenir plus efficace lors des prochains efforts d'endurance. Répétez ce stress, ce signal et votre organisme continue à progresser. C'est la même chose à vélo si vous voulez avancer (progresser) il faut que vos coups de pédales s'enchainent. Attention si la prochaine séance est trop éloignée, votre organisme l'aura oubliée. Il aura amorcé sa désadaptation.  

Je vous ai parlé de l'endurance et des adaptations qui en découlent mais il existe une multitude d'autres façons de stresser son organisme pour le pousser à devenir en meilleure forme et en meilleure santé. Cela peut être la musculation qui va stresser les fibres musculaires avec des forces de tension et les pousser à devenir plus fortes, plus résistantes. Cela peut être de la vitesse qui va favoriser des adaptations proches de l'endurance. Cela peut être des impacts osseux ou articulaires lors de la marche, de la course, de sauts, d'efforts de musculation… Ces impacts osseux ou articulaires vont renforcer votre squelette et vos articulations.

Pour faire simple, faire du sport c'est organiser un stress cellulaire qui lui favorisera l'adaptation à l'effort. Favoriser l'adaptation à l'effort c'est devenir plus performant et en meilleure santé. Mais ATTENTION, l'organisme s'adapte et progresse tant que le stress ne dépasse pas ses capacités d'adaptation. Au-delà il régresse et se blesse.

Sachez qu'il existe des moyens de maximiser ces stress afin de booster les adaptations. C'est ce que j'appelle l'entraînement en contraintes.

 Cela regroupe l'entraînement en altitude qui va favoriser une hypoxie et ainsi augmenter le nombre de globules rouges. Cela peut être l'entraînement en chambre de chaleur (type thermo training room) qui va favoriser l'acclimatation à la chaleur et qui a, comme j'en parle dans "Paléofit", des effets bénéfiques sur les performances en ambiance thermique neutre. Cela peut, aussi, être l'entrainement à glycogène bas dont je parle dans "Ultra performance" et qui est probablement l'un des types d'entraînement en contraintes les plus facile d'accès. Tout le monde peut le faire. Cela ne demande aucun matériel spécifique et peut se faire à la maison.

Bien entendu ces méthodes vous poussent à sortir de votre zone de confort mais vous avez vu dans un article précédent que cela était parfois nécessaire.

Retenez enfin qu'il faut organiser ce stress cellulaire. Il faut qu'il soit suffisant pour favoriser des adaptations. Il faut éviter les excès afin de ne pas dépasser les facultés d'adaptations. Il faut varier les activités, comme je le recommande dans "Paléofit", afin de déclencher des adaptations variées grâce à des stress différents. Il faut parfois savoir se concentrer un peu plus sur une spécificité pour éviter les interférences. C'est le principe de l'entraînement par blocs.

Revenons à nos calories. Bien sûr, vous en brûlerez à l'effort et, dans notre société où l'apport calorique est souvent excédentaire, c'est une bonne idée. Mais, en outre, le stress cellulaire occasionné pendant que vous brûlez des calories aura poussé votre organisme et vos cellules à utiliser de préférence les lipides et cela est une meilleure idée.

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à propos de l'auteur

Le Dr Fabrice Kuhn est médecin généraliste, diplômé en biologie et médecine du sport. Il est médecin des équipes de France d'haltérophilie. Il pratique le triathlon ironman, le marathon et l'ultratrail.

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