La chirurgie de l’obésité reste un sujet qui me passionne, même en ayant pris une autre direction dans ma vie professionnelle.
Récemment, j’ai eu l’occasion d’assister à un groupe de parole entre personnes opérées (quoi qu’en comité restreint !). Et je n’ai pu que constater la récurrence des difficultés rencontrées par l’ensemble des patients, quel que soit le temps écoulé depuis la chirurgie : les problèmes psychologiques et les problèmes nutritionnels. D’autres problématiques existent mais n’ont pas beaucoup émergée sur ce temps-là (le travail, la famille, le couple, etc.).
En effet, qu’elle soit effectuée par choix ou par nécessité, cette opération touche le cœur même de notre humanité : le lien inextricable entre notre état mental et notre alimentation. Manger est un acte bien plus complexe et intime que le simple aspect physiologique d’ingestion d’aliments qui se transforment en nutriments.
Conditionné depuis notre naissance (et peut-être même avant ?!), le fait de s’alimenter est en permanence influencé par notre vie quotidienne et par les événements qui s’y rattache. D’où la nécessité d’une « évaluation » et de « suivis » psychologiques. Cet aspect-là reste tabou et difficile à intégrer pour certains patients. Nous savons maintenant que le contexte préopératoire (antécédents de dépression et autres problématiques « psy ») joue un rôle fondamental dans l’état psychique des patients en postopératoire. Très souvent, le « passage à vide » décrit dans le mois, voire dans l’année qui suit la chirurgie, n’est pas anodin, et mérite d’être pris très au sérieux, sous peine d’engager le patient dans un cercle vicieux d’échec, de non-perte de poids voire de reprise de poids, qui ne feront qu’aggraver la problématique de départ.
Là encore, au-delà du pedigree et des compétences des professionnels de santé, le « feeling », l’établissement de « l’alliance thérapeutique » en jargon médical, est une étape obligatoire. La relation patient/soignant est fragile, complexe. Elle se crée et s’entretient. Si elle n’est pas satisfaisante, elle n’aboutit à rien d’efficace et ne permet pas de régler ses problèmes. Sachez qu’il existe suffisamment de spécialités et de méthodes pour que vous puissiez trouver celle qui vous correspond vraiment : TCC (Thérapies Comportementales et Cognitives), ACT (thérapie d’engagement et d’acceptation), psychanalyse, hypnose, … Et des techniques peu connues mises en lumière depuis peu comme l’EMDR, l’EFT. N’hésitez pas à demander conseil aux praticiens qui vous suivent. C’est votre droit, et je dirais même plus, votre devoir, afin de préserver (ou de retrouver !) votre santé dans sa globalité.
Concernant les problématiques nutritionnelles, nous retombons toujours dans les mêmes écueils, à savoir :
- Des difficultés pour mastiquer et manger lentement (30 à 45 minutes, encore et toujours !). Il s’agit ici d’une des clés principales de réussite. Quelques astuces sont possibles mais pas d’échappatoire !
- Des difficultés pour manger de la viande, du poisson ou des œufs (protéines animales indispensables pour assurer le métabolisme protéique de l’organisme, mais qui peuvent être compensées par des protéines végétales, sur conseils avisés d’un professionnel, sous peine de voir s’installer des carences).
- Des difficultés pour boire suffisamment d’eau sur la journée (peu mais souvent, entre les repas, 1L au total, minimum).
- Des problématiques de carences, en fonction des sujets et des chirurgies subies (le by-pass y est plus enclin que la sleeve ou l’anneau) avec l’importance capitale du suivi et la réalisation de bilans sanguins. La prise de suppléments vitaminiques est conseillée selon les cas (ou obligatoire après un by-pass) mais ne peut pas être délétère, même en préventif. J’avais déjà évoqué les produits proposés par le laboratoire néerlandais Fitforme (fitforme.fr) dans un précédent article, en 2014.
- Le problème des envies de sucre, qui peuvent être dues soit à une subcarence en chrome (qui agit en synergie avec l’insuline, hormone régulatrice du sucre dans le sang) ou autres oligoéléments, soit d’ordre psychologique et venir combler un manque affectif ou apaiser des frustrations. L’opération ne prémunit aucunement contre ce dernier type de problème. S’y attaquer est souvent difficile et douloureux mais salvateur pour la réussite sur le long terme.
- Enfin, la difficulté, au final, de modifier son comportement alimentaire dans la durée. Les leviers sont nombreux et très intriqués. Ce qui complique la tâche des professionnels et des patients. L’information, le conseil avisé ne suffit pas. Pour pouvoir réussir à changer, il faut aller chercher la ressource en soi, le vouloir profondément et s’impliquer. Cela demande beaucoup d’énergie et, dans la société dans laquelle nous vivons, tout acte est devenu énergivore. Mais il est possible de canaliser cette énergie dépensée, en appréhendant notre vie, notre condition humaine, d’une autre façon, plus détachée, avec plus de recul.
Alors, en poursuivant mon questionnement, peut-être serait-il bon d’envisager ce changement sous un nouveau jour ? Peut-être avec une vision moins occidentale, plus tournée vers l’Orient et sa philosophie de vie « à la mode » (mais qui a son utilité comme dans la méditation, le zen, la spiritualité) ? Peut-être dans un tout autre genre comme le coaching (« à la mode » aussi !) ? Encore faut-il trouver des personnes sérieuses et compétentes, ou donner les moyens aux professionnels soucieux de trouver des pistes, de se former correctement ou de créer leur propre approche… J’espère que, dans les années à venir, mes réflexions actuelles trouveront des réponses satisfaisantes !