Lorsque l’on évoque la chirurgie de l’obésité, il y a généralement les pro et les anti, avec très peu de nuances entre.
On n’élude pourtant pas la question aussi simplement.
Annonçons la couleur : dans l’exercice de notre métier, nous réalisons beaucoup de consultations en pré-opératoire, et, quand il est décidé qu’elle aura lieu, aussi en post-opératoire. Nous exerçons donc dans ce milieu. Nous avons aussi co-écrit un livre qui en traite : Le guide de la chirurgie de l’obésité. Nous y gagnons en petite partie ; nous y avons un tout petit intérêt financier. Cela ne nous empêchera pas d’apporter un point de vu objectif et éclairé, qui, nous le croyons, tient toute sa valeur.
Soyons clair : il vaut mieux la prévention à la chirurgie ; il vaut mieux éviter de grossir ou perdre du poids avec un régime alimentaire sain (régime IG, diète cétogène, régime paléo par exemple) qu’avec la chirurgie, mais ce n’est pas toujours possible. Quand il y a derrière une histoire de successions de régimes mal menés (car suivis seuls ou avec un praticien qui ne sait que vendre des sachets hyperprotéinés ou conseiller de se nourrir de viande et de fromage blanc), qui a engendré un effet yoyo sans enrayer l’obésité, qui l’a aggravée au contraire, il y a une perte de confiance dans la diététique seule et celle-ci est difficilement rattrapable. Si seulement les choses ne s’étaient pas passées ainsi, si seulement ces personnes avaient fait le bon régime, si seulement…. Oui mais c’est fait et cette histoire est là, on ne peut l’effacer. La chirurgie peut relancer une motivation et peut amener une personne à manger équilibré parce en ultime recours, elle prend enfin conscience, grâce à une équipe pluridisciplinaire complète, de ses problématiques et accepte enfin d’y travailler.
Quand il y a urgence car trop de facteurs de comorbidités se sont associés à l’obésité, là aussi la chirurgie est une solution, qui permet d’améliorer, voire de régler ce terrain pathologique plus rapidement qu’avec un régime alimentaire : un diabétique qui ne l’est plus (mais qui doit bien sûr surveiller son mode de vie), une personne hypertendue qui ne prend plus de traitement,… Quand l’obésité empêche une grossesse, là aussi la chirurgie est une solution. Nous avons vu des patientes engagées dans des procédures FIV tomber enceinte normalement 1 an à 1 an et demi après la chirurgie, sans aucune aide, simplement parce qu’elles ont perdu les kilos qui bloquaient leur système hormonal.
Accepter de vivre avec l’obésité, qu’on n’arrive pas à enrayer avec un régime classique, parce que la chirurgie n’était pas la solution la plus indiquée au départ ? Qui peut le conseiller ? Toutes les personnes souffrant d’obésité n’ont ni le même terrain pathologique, ni la même sensibilité, la même souffrance émotionnelle face à ce corps. Que fait-on de ce paramètre ? Il est aussi primordial que tout le reste. Car être obèse représente une énorme souffrance pour l’être humain qui y est confronté. Nous considérons que l’obésité est une maladie que l’on doit traiter efficacement. Pour cela il y a plusieurs solutions. La solution n’est pas la même pour toutes les personnes souffrant d’obésité. Pour certains la chirurgie n’est pas une solution parmi d’autres, c’est LA solution. Sur le terrain, au quotidien, on s’en rend compte, même si au départ, on peut ne pas adhérer à cette pratique pour de multiples raisons. La pratique et l’accompagnement de patients valent autant que les études que l’on peut lire, en anglais ou non.
Avoir recours à la chirurgie de l’obésité doit être mûrement réfléchi, ce n’est en rien une solution de facilité. C’est bien la dernière solution au contraire. Mais c’est une possibilité qui s’offre aussi aux patients. Bien préparée, elle réussit. Et même très bien ! C’est l’inverse qui engendre un échec (si des règles diététiques ne sont pas mises en place avant pour tester sa capacité à les suivre, si des TCA n’ont pas été traités). Il y a toute une diététique qui se met en place autour et qu’il faut respecter. Cet équilibre alimentaire imposé et obligatoire pour que la chirurgie soit une réussite est plus facile à tenir qu’avant puisqu’il s’accompagne d’une perte de poids visible rapidement.
La grande majorité de nos patients « revivent » après une chirurgie bariatrique. Nous rencontrons à ce jour plus de réussites que d’échecs. Ce n’est pas rien. Les échecs existent mais s’expliquent. Les complications post-opératoires existent aussi comme pour toute chirurgie, même la plus banale.
Après ? Il y a ceux qui parlent du business tout autour de ces chirurgies. Il existe c’est vrai. Certaines personnes sont opérées alors qu’elles ne devraient pas : pas assez préparées, elles prennent la chirurgie comme une solution de facilité, un miracle, et certaines équipes médicales ne sont pas trop regardantes sur ce point parfois… C’est regrettable quand l’argent prend le pas sur la santé ! Mais cela n’est ni une caractéristique ni le propre de la chirurgie de l’obésité. Quelle pathologie n’a pas son business associé ? Mais là, c’est une autre question…
La chirurgie de l’obésité : une solution pour maigrir
Quelques explications...
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