Sport, santé et performance, le blog du Dr Fabrice Kuhn

  Les secrets d'un médecin qui pratique le triathlon ironman, le marathon et l'ultratrail et qui a écrit Paléofit, pour booster vos performances

Par Fabrice Kuhn

Un conseil : gigotez !

Un conseil : gigotez !

Gigotez pour votre santé. Même une très faible activité régulière pourrait être bénéfique.

Je vous ai déjà parlé des risques pour la santé de la sédentarité, c'est-à-dire du temps passé assis. Le temps de sédentarité, celui qui altère votre santé et la mienne, c'est le temps passé assis devant la télé (bien entendu) mais aussi à travailler devant un ordinateur par exemple (oups c'est ce que je suis en train de faire !) ou encore dans les transports. Ce temps passé assis est directement corrélé à la mortalité. C'est d'ailleurs un des facteurs majeurs de surmortalité toutes causes confondues. Ainsi, rester assis 7h/j pourrait accroître de 30% la mortalité toutes causes confondues par rapport à quelqu'un qui ne passerait assis "que" 5h/j (2). Bien entendu, la pratique régulière et assidue d'une activité physique renforce la santé mais même les sportifs peuvent subir les conséquences d'un excès de temps passé assis (1). Pour inverser les effets néfastes du temps passé assis il faut une activité sportive particulièrement régulière et intense. Ainsi, 8 heures passées assis pourraient être compensées par 60 à 75 minutes d'activité sportive d'intensité modérée. Inversons cette notion un instant ! Cela peut aussi vouloir dire que les bénéfices de 60 minutes d'activité sportive d'intensité modérée peuvent être annulés par une journée de travail au bureau. L'un des moyens de limiter l'impact du temps assis c'est de se lever, de marcher régulièrement (toutes 20 à 30 minutes si possible).

En plus de ces solutions évidentes (bouger et s'activer régulièrement dans la journée, faire du sport…), il existe une solution simple pour limiter les effets désastreux dut temps passé assis. Cette solution c'est de gigoter.

Et oui, ces petits mouvements, souvent attribués à l'impatience et à la nervosité et qui agacent notre entourage, pourraient avoir des effets bénéfiques pour notre santé. Je vous parle de ces mouvements, souvent inconscients, répétitifs des pieds et des jambes quand on est assis ou bien des "jeux" de doigts sur le bureau pour n'en citer que deux.

Et bien ces mouvements peuvent à eux seuls limiter la surmortalité consécutive au temps passé assis (2).

Une équipe de chercheurs (3) a analysé la dépense énergétique engendrée par un appareil installé sous le bureau permettant d'agiter les jambes. Cette étude révèle qu'une majoration de 20 à 30% de la dépense calorique peut être envisagée. C'est un avantage mais comme je vous l'ai déjà dis la dépense calorique n'est pas tout. Ainsi, rester assis altère les performances de nos artères probablement en raison d'une baisse du stress subit par les parois artérielles consécutivement à une baisse du flux sanguin. Une équipe de chercheurs a comparé les deux jambes de onze personnes (une jambe s'agitant et l'autre restant au repos servant ainsi de contrôle) et suggère que l'activité de gigoter permet maintenir un stress artériel suffisant (4). Cela pourrait bien entendu limiter les conséquences vasculaires du temps passé assis. Et ce n'est qu'un exemple. Puisque la consommation calorique est accrue, il est légitime d'envisager que la simple agitation des jambes puisse accroitre l'utilisation des lipides et réactiver le métabolisme.

Cela veut aussi dire que bouger un peu (même très peu) mais souvent permettra de se maintenir en bonne santé bien plus que de ne rien faire. Bouger peu mais souvent est donc déjà profitable (5) même si je ne peux que vous encourager à en faire encore plus et à sortir parfois de votre zone de confort.

D'ailleurs, la règle n°9 du sportif "Paléofit" vous encourage à vous bouger souvent et notamment à préférer les escaliers aux ascenseurs et escalators. Je vous encourage aussi à rompre la sédentarité le plus souvent possible en vous levant et en bougeant régulièrement (toutes les 20 à 30 mn au mieux). A condition, toutefois, de ne pas en profiter pour aller fumer ou grignoter des sucreries.

Ah ! Quand je pense à toutes ces fois où on me reproche d'agiter mes  jambes quand je suis assis ! En veut-on à ma santé ?

 

  1. Ekelund U, Steene-Johannessen J, Brown WJ, Fagerland MW, Owen N, Powell KE, Bauman A, Lee IM; Lancet Physical Activity Series 2 Executive Committe; Lancet Sedentary Behaviour Working Group. Does physical activity attenuate, or even eliminate, the detrimental association of sitting timewith mortality? A harmonised meta-analysis of data from more than 1 million men and women. Lancet. 2016 Sep 24;388(10051):1302-10.
  2. Hagger-Johnson G, Gow AJ, Burley V, Greenwood D, Cade JE. Sitting Time, Fidgeting, and All-Cause Mortality in the UK Women's Cohort Study. Am J Prev Med. 2016 Feb;50(2):154-60.
  3. Koepp GA, Moore GK, Levine JA. Chair-based fidgeting and energy expenditure. BMJ Open Sport Exerc Med. 2016 Sep 1;2(1):e000152. eCollection 2016.
  4. Morishima T, Restaino RM, Walsh LK, Kanaley JA, Fadel PJ, Padilla J. Prolonged sitting-induced leg endothelial dysfunction is prevented by fidgeting. Am J Physiol Heart Circ Physiol. 2016 Jul 1;311(1):H177-82.
  5. Pavey TG, Pulsford R. Fidgeting is associated with lower mortality risk. Evid Based Med. 2016 Jun;21(3):109.
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à propos de l'auteur

Le Dr Fabrice Kuhn est médecin généraliste, diplômé en biologie et médecine du sport. Il est médecin des équipes de France d'haltérophilie. Il pratique le triathlon ironman, le marathon et l'ultratrail.

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