Zéro Déchet

Bébé zéro déchet : c’est bon pour lui, la planète et votre porte-monnaie !

Bébé zéro déchet : c’est bon pour lui, la planète et votre porte-monnaie !

Tribune : « Quelques petits gestes peuvent soulager à la fois la planète, le porte-monnaie parental en plus d’être pratique », explique l'autrice du livre Couture zéro déchet pour bébé, je me lance !

Nul besoin d’être « passionné » ni de savoir coudre, acquérir la base est chose aisée. Coudre soi-même les petites lingettes de change, les langes des nouveau-nés, les chaussons ou les bavoirs, ceci à partir de vêtements déjà usés ou de serviettes de bain hors d’âge, c’est autrement gratifiant que d’acheter en magasin du made in partout-sauf-France débordant de produits chimiques.

Le cap des 8 milliards d’habitants sur la planète a été franchi cette fin octobre 2022 selon l’estimation des Nations Unie. Nous n’étions pas 1 milliard en 1800 et à peine 1,6 milliard en 1900. Tandis que les chiffres avancés pour 2050 sont alarmants avec une perspective de 10 milliards d’habitants, nombre de questions apparaissent, notamment celle de l’enfantement et de la façon dont nous devons faire évoluer nos modes de vie. Devenir parent implique un changement radical du quotidien et a souvent l’effet positif de s’interroger sur l’avenir que l’on souhaite offrir à l’enfant à naître. Nombreux sont celles et ceux qui prennent davantage conscience de l’état de la planète telle qu’ils la laisseront à leur progéniture, de l’empoisonnement des sols, de l’eau, de l’air, de tout un quotidien auréolé de pollution allant des couches jetables à l’alimentation. Un enfant  en bonne santé, grandissant dans un monde propre et sécurisé, c’est le souhait de tout parent. Ainsi, quelques petits gestes peuvent soulager à la fois la planète, le porte-monnaie parental en plus d’être pratique.

Doit-on continuer de faire des enfants ?

L’appel de l’enfantement n’est pas un sentiment partagé par tous, malheureusement et par tradition, la pression sociale exercée sur celles et ceux qui refusent est souvent lourde à porter. La « punition » est aussi financière. Tous ont entendu ces phrases un jour ou l’autre : « quand est-ce que tu t’y mets » ; « il faut te dépêcher, l’horloge biologique tourne » ; « tu changeras d’avis, tu verras » ou encore « c’est égoïste ce que tu fais, pense à tous ceux qui ne peuvent pas en avoir. » Même si on ne comprend pas bien en quoi le fait de faire des enfants va combler le désir de ceux qui en veulent mais ne peuvent pas, les arguments inverses prennent quant à eux une nouvelle tournure face à la « bombe démographique » que nous vivons et le désastre écologique qui s’annonce. Faire des enfants semble être devenu le mauvais choix face au changement climatique. Mais est-ce réel ?

Remarquons que les pays les plus émetteurs de CO2 sont ceux qui sont en crise démographique ; là où la natalité est forte avec plus de trois enfants par femme, cela représente 20 % de la population mondiale mais 3 % des émissions de CO2. Emmanuel Pont, ingénieur, indique que « si on regarde les grandes masses, entre 1990 et 2014, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de près de 60 % globalement, mais seulement de 15 % par habitant. Si on fait un calcul rapide, on peut se dire que l’augmentation de la population entraîne une augmentation des émissions de CO2 ». Arithmétiquement juste mais qui, comme il le précise, n’a aucun sens en réalité car le chiffre regroupe des situations très différentes sur le volet écologique. Le problème vient-il donc de la natalité des pays dits « pauvres » actuellement les plus faibles émetteurs de gaz à effet de serre ou du mode de vie où d’une faible natalité des pays dits « riches », plus gros émetteurs, où la natalité n’atteint pas deux enfants par femme ? Il n’y a pas de réponse logique mais une autre plus éthique : le choix de faire des enfants ou pas appartient à chacun d’entre nous.

Réduire l’empreinte écologique d’un bébé : les couches

Chaque être humain a un « coût » climatique variable. Pour un bébé, ce sont les couches jetables qui sont pointées du doigt. Chaque enfant utiliserait entre 3000 et 6000 couches jetables au cours de sa vie. Entre l’extraction des matières premières, les produits chimiques ajoutés, l’énergie de la fabrication, l’emballage, le transport et l’impossibilité de les recycler, on en comprend vite la raison. De surcroît, les couches jetables utilisent vingt fois plus de matières premières, deux fois plus d’eau et trois fois plus d’énergie à fabriquer que les couches en tissu. Il n’aura pas fallu un quart de siècle pour pousser les parents à se ruiner dans ce qu’il leur a été proposé comme la « seule solution ». Les couches jetables étaient censées être une « délivrance », permettant à la mère – majoritairement – de reprendre le travail rapidement et de s’occuper des autres bambins. Quelques décennies plus tard, force est de constater que le résultat est très mitigé : les enfants doivent réapprendre vers 3 ans à reprendre conscience de leurs besoins naturels ; les parents passent une énergie et un temps fou à les changer et les ramener à cet apprentissage ; le prix du jetable n’a cessé d’exploser pour atteindre 2500 à 5000€ au cours de la vie de l’enfant. Alors quelles solutions s’offrent aux parents aujourd’hui ?

La première réponse connue de tous est la couche lavable. Une histoire d’avantages et d’inconvénients. Lorsque l’on change un bébé à chaque fois qu’il fait ses besoins, la dizaine de couches peut rapidement être atteinte, sachant qu’un nouveau-né urine toutes les 10 à 30 minutes au début de sa vie, la tonne de linge à stocker, laver, étendre, ramasser, peut s’avérer compliquée. Mais le principe de la couche lavable est en réalité au-delà de ça et se mélange avec d’autres techniques. Il faut savoir qu’un bébé a conscience de ses besoins dès la naissance et n’aime pas faire sous lui. La couche jetable et ses capacités d’absorption leur fait perdre cette conscience qu’il faudra réapprendre vers l’âge de 3 ans. Les bébés portant des couches jetables sont en général propres plus rapidement. Cela implique du lavage, oui, mais de telles économies et une qualité de vie appréciable pour tous. Se mêle alors une autre méthode : l’hygiène naturelle infantile (HNI), soit la méthode utilisée depuis des millénaires et encore aujourd’hui dans la majeure partie du monde. Il s’agit non pas d’apprendre la propreté à un bébé mais de répondre à un besoin signalé de faire ses besoins. S’il y a plusieurs manières de la pratiquer, un excellent équilibre semble se dégager : utiliser les couches lavables et la méthode de l’HNI. Autrement dit, vous apprenez à repérer les signaux indiquant que votre bébé a besoin d’uriner ou de déféquer, soit vous avez le temps de défaire la couche lavable et de lui proposer le pot, soit ce n’est pas possible sur l’instant et il fera dans la couche. Cette méthode permet de passer de 10 changes à 2 ou 3 dans la journée ! Les retours d’expériences déconseillent de le faire la nuit cependant, c’est le moment de dormir pour tout le monde, mais ils indiquent que non seulement certains bébés arrivent à se retenir jusqu’au réveil matinal et qu’en plus, dès 9 mois, ils vont demander seuls d’aller sur le pot. L’HNI peut se pratiquer dès la naissance.

La couture zéro déchet pour bébé

Mêler différentes pratiques permet en sus de réaliser d’autres économies et de proposer au bébé un environnement plus sain. Se réapproprier une forme d’autonomie passe indéniablement par le fait maison : sain, moins coûteux, bon pour l’environnement. L’inflation que nous subissons invite nombre de personnes à repenser leur mode de vie. Pour l’univers de bébé, cela peut commencer par la couture zéro déchet. Nul besoin d’être « passionné » ni de savoir coudre, acquérir la base est chose aisée. C’est ce que j’essaie de montrer dans mon livre Couture zéro déchet pur bébé, je me lance !. Coudre soi-même les petites lingettes de change, les langes des nouveau-nés, les chaussons ou les bavoirs, ceci à partir de vêtements déjà usés ou de serviettes de bain hors d’âge, c’est autrement gratifiant que d’acheter en magasin du made in partout-sauf-France débordant de produits chimiques. Savoir réparer est aussi un enjeu sous-estimé. Les bébés grandissent vite, leurs besoins évoluent d’autant. Pouvoir répondre en temps réel sans perdre de temps en boutique redonne la main sur une autonomie perdue. Se cousent aisément des doudous, des attache-tétines, des couvertures, des sorties de bain mais aussi pour la maman des coussinets d’allaitement, des serviettes hygiéniques de maternité et bien évidemment, les fameuses couches lavables !

Avoir un enfant n’est pas censé coûter cher. Ses besoins sont moindres au départ : une quinzaine de langes, autant de couches lavables, 5 ou 6 pyjamas, autant de bodys, deux turbulettes, un nid d’ange ou une couverture pour les sorties, une vingtaine de lingettes de change, 5 ou 6 bavoirs, une bassine si vous pratiquez l’HNI, une écharpe de portage, une dizaine de coussinets d’allaitement pour la maman, une vingtaine de serviettes hygiéniques lavables et… C’est tout. Ceci dans un lit cododo, avec un transat et un siège auto, voilà l’équipement minimaliste recommandé. Ensuite, ce n’est qu’un choix de confort.

Le quotidien

En grandissant, Bébé va diversifier son alimentation, prendre quelques bains (une douche suffit dès qu’il tient debout), jouer, etc. Ceci peut se faire de façon aussi saine qu’au départ. Souvent, choisir un bon produit relève du parcours du combattant, mais la première question à se poser dans une démarche zéro déchet et minimaliste est : est-ce que j’en ai besoin ? Les produits de soin par exemple, une inutilité chronique. Bébé n’a besoin que d’eau pour être lavé, si vous pratiquez l’HNI l’eau suffit également au change car zéro érythème fessier ! Moins de produits entrent en contact avec lui, mieux il se portera. Au pire, une huile végétale fait l’affaire : amande douce ou coco par exemple. Côté alimentation, cela dépend de la méthode choisie. Certains parents réduisent tout en purée, d’autres coupent de tout petits bouts de ce qu’eux-mêmes mangent pour aller vers la diversification. L’ajout de sel, sucre, épices, n’est pas conseillé le temps de lui faire découvrir les saveurs. Le naturel retrouve ici tout son sens avec une ligne directrice fortement recommandée : pour des débuts faciles avec Bébé, il ne faut pas s’embêter !

Laurane R. K. est l'autrice de Couture zéro déchet pour bébé, je me lance ! et Couture zéro déchet, je me lance !

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