Une récente enquête de l’Ifop* révèle que 49 % des 18-25 ans ont déjà échangé des sextos (SMS à caractère sexuel) et que 28 % d’entre eux ont déjà adressé des photos ou vidéos d’eux-mêmes dénudés (nude) ou des images de leur sexe (dick pics…). Autre pratique à la mode : les plan cam ou sexcam, des vidéos pendant lesquelles les partenaires se filment pendant le rapport sexuel. Si l’enquête, réalisée chez 1002 personnes majeures, ne précise pas les comportements des moins de 18 ans, les messages et vidéos privées circulent régulièrement dans les collèges et les lycées. Le phénomène n’a malheureusement plus rien d’exceptionnel. Combien des personnes concernées ont pensé, au moment de l’envoi coquin, à la possibilité de pâtir un jour de ces images ? Sur le moment, l’envoi parait simplement ludique, excitant et sans doute légèrement transgressif. Il vient pimenter la relation. Revers de la médaille : le risque de revenge porn.
L’expérience de Benjamin Griveaux est instructive à plus d’un titre
Si l’ex-candidat à la Mairie de Paris s’est fait prendre la main dans le pantalon alors qu’à 42 ans, il tombe dans le clan des “adultes responsables”, il n’est pas étonnant que des jeunes se prêtent au même jeu sans avoir conscience des conséquences de leurs envois. Malheureusement, les répercussions peuvent être terribles : harcèlement ou cyberharcèlement, exclusion des groupes de camarades ou des établissements scolaires, réputation entachée à un jeune âge, solitude, image de soi et confiance en soi dégradées… Certains, désespérés, en viennent à envisager des gestes irréparables. Quel désastre !
Personne n’a forcé Benjamin Griveaux à faire ce genre de vidéos. Il a fourni lui-même le baton pour se faire battre. C’est le cas de bien des jeunes qui se retrouvent dans la même situation.
En outre, les vidéos délicates ont été conservées “au cas où” elles pourraient servir un jour. Et ce jour est arrivé. Là encore, de nombreux jeunes envoient des images ou des vidéos dénudées à leur “copain” ou à leur “copine” sans se douter qu’un jour celui-ci ou celle-ci pourrait en faire usage contre eux. L’amour ou la confiance ne durent pas forcément toujours. Il est regrettable qu’ils l’apprennent dans de telles circonstances.
L’anecdote Griveaux a fait le tour de la planète. Ados et préa-dos n’ont pas échappé au brouhaha politico-médiatique. Voilà l’occasion d’ouvrir ou de poursuivre la discussion avec nos enfants et nos jeunes afin de les éduquer aux risques et, autant que faire se peut, leur éviter de tels déboires. Plutôt que de les juger, nous, parents et adultes éducateurs, devons également garder à l’esprit que nos enfants ont avant tout besoin de notre aide s’ils sont touchés par ce type d’attaque dégradante et déplorable.
Anne de Labouret & Christophe Butstraen
* Enquête Ifop pour Cam4 et Hot Vidéo, février 2020.