Pour faire reculer l’obésité, qui affecte un enfant sur trois et 2 adultes sur trois, le Royaume-Uni s’apprête à interdire les publicités sur Internet pour les junk foods. Le déclencheur de cette mesure ?
L’hospitalisation, en avril 2020, de Boris Johnson, après avoir contracté la Covid-19. C’est alors que le Premier ministre a pris conscience du risque d’infection et de complications que font courir le surpoids et l’obésité. Et de la nécessité d’agir.
Eviter l’inflammation
Cette question de l’équilibre métabolique est au cœur du dernier livre de Thierry Souccar, « Arrêtons de saboter notre immunité ». Le livre explique comment toute anomalie métabolique, comme la surcharge de graisse abdominale, ou l’hypertension, voire même le manque de sommeil, est interprétée par le système immunitaire comme le serait une invasion virale : une situation menaçante qu’il faut corriger.
D’où l’inflammation, qui correspond à la mise en action du système immunitaire dans sa tentative de corriger le problème. Bien sûr, le système immunitaire ne sait pas diminuer un tour de taille. C’est la raison pour laquelle l’inflammation peut devenir chronique, affaiblir l’immunité, exposer aux complications en cas d’infection, et augmenter les risques de maladies non transmissibles comme le diabète.
Les risques de l’obésité
Depuis le début de la pandémie, des dizaines d'études ont rapporté que les personnes obèses courent un risque plus élevé d’infection et de complications. Par exemple, dans la première méta-analyse de ce type, publiée le 26 août 2020 dans Obesity Reviews, une équipe de chercheurs a utilisé les données provenant d’articles scientifiques et portant sur près de 400 000 patients. Résultats : par rapport aux personnes ayant une corpulence normale, les personnes obèses ayant contracté la Covid-19 avaient un risque d’hospitalisation multiplié par 2,13, un risque d’admission en unité de soins intensifs multiplié par 1,74, et un risque de décès multiplié par 1,48.
L’obésité n’est pas la seule anomalie métabolique à exposer à un risque plus élevé. C’est aussi le cas du diabète, des maladies coronariennes. Le surpoids, l’hypertension pourraient aussi augmenter le risque.
En France, en 2015, 17% de la population était obèse, et 32% en surpoids. Plus de 5% de la population adulte était traitée pour un diabète. Un adulte sur trois souffre d’hypertension.
Des maladies réversibles
Obésité, surpoids, et même diabète d’apparition récente sont des conditions réversibles par des changements de mode de vie. C’est aussi le cas d’une partie des hypertensions et des maladies coronariennes. Il n’y a donc pas de fatalité. Agir individuellement mais aussi collectivement comme le fait le Royaume-Uni, c’est réduire fortement le risque infectieux de la population mais aussi lui donner toutes les chances de vivre plus longtemps sans maladie chronique.
Dans son livre, Thierry Souccar s’appuie sur plusieurs centaines d’études récentes pour détailler les changements de mode de vie que l’on pourrait adopter, qu’il s’agisse de son alimentation, de la pratique de l’exercice, de la gestion du stress ou du sommeil. L’objectif : mettre le système immunitaire au repos, éviter de le suractiver, et de créer un environnement inflammatoire.
Certaines de ses mesures tombent sous le sens, comme l’évitement des aliments ultra-transformés et des sucres ajoutés. D’autres sont novatrices comme la préservation des mitochondries, les centrales énergétiques cellulaires, ou encore la mise en action des processus d’autophagie, une forme de « nettoyage » cellulaire.
Prévenir infections et complications
La dernière partie de ce livre qui s’appuie sur plus de 700 références scientifiques, fait le point sur les infections « tueuses » que sont la grippe saisonnière et la pandémie de coronavirus, et sur les moyens de les prévenir, avec un focus sur les facteurs environnementaux que sont l’exposition aux ultraviolets B et l’humidité relative.
Enfin, le livre évalue 28 substances naturelles généralement présentées comme favorables à l’immunité. Ces vertus préventives et curatives, réelles ou supposées, sont notées selon le niveau de preuves scientifiques.
Largement illustré, avec en plus des recettes issues du régime crétois à charge glycémique basse préconisé par l’auteur, ce livre lève le voile sur un système immunitaire mal connu, qui est pourtant, dit l’auteur, un facteur clé de longévité.