Sport, santé et performance, le blog du Dr Fabrice Kuhn

  Les secrets d'un médecin qui pratique le triathlon ironman, le marathon et l'ultratrail et qui a écrit Paléofit, pour booster vos performances

Par Fabrice Kuhn

Sportifs, mieux vaut boire à sa soif !

Sportifs, mieux vaut boire à sa soif !
On a vu les dangers de l’hyperhydratation et constaté qu’une légère déshydratation n’est pas mauvaise pour les performances, une nouvelle étude montre que des règles d’hydratation trop strictes ne sont pas justifiées. Détails.
 
 
Dans cette étude, 12 cyclistes ont effectué des contre-la-montre (40 km) sous la chaleur (35°C) et après un échauffement de 1 h dans trois conditions différentes. 
Une première épreuve (EU) après un échauffement où les boissons étaient autorisées afin de débuter le contre-la-montre bien hydraté mais en ne buvant pas durant la course.
Une deuxième épreuve (HYPO) sans boisson durant l'échauffement et le contre-la-montre afin de débuter légèrement déshydraté et de rester déshydraté. 
Une troisième épreuve (FLUID) sans boisson durant l'échauffement mais avec eau à volonté durant le contre-la-montre afin de débuter le contre-la-montre déshydraté et pouvoir se réhydrater lors de l'épreuve. 
 
Le poids de chaque cycliste, mesuré avant et après l'échauffement, permettait de valider le statut d'hydratation de chacun avant le contre-la-montre. Le groupe EU débutait ainsi le contre-la-montre bien hydraté alors que les deux autres épreuves (HYPO et FLUID étaient débutées légèrement déshydraté (1.2% et 1.3% de perte de poids). 
 
Durant chaque épreuve étaient mesurés : la fréquence cardiaque, la puissance développée, la température profonde, la température cutanée, l'indice de difficulté d'exercice (RPE), les sensations de confort, de tolérance thermique et de soif.
 
L'apport de boisson à volonté durant la troisième épreuve (FLUID) atteignait bien son objectif en limitant la perte de poids au cours du contre-la-montre (seulement 1% contre 2.7% pour le groupe EU et 2.6% dans le groupe HYPO). 
 
Le statut d'hydratation n'influait pas de façon significative sur la majorité des paramètres mesurés: puissance développée durant le contre-la-montre (223 Watts ± 32 W pour le groupe EU; 217 W ± 39 W pour le groupe HYPO et 224 W ± 35 W pour le groupe FLUID), fréquence cardiaque, RPE, températures, sensations de confort et de tolérance de la température extérieure.
Les performances (temps mis pour terminé le contre-la-montre n'étaient pas statistiquement différentes (70mn06 pour le groupe EU, 71mn12 pour le groupe HYPO et 69mn55 pour le groupe FLUID). 
 
Seule  la sensation de soif différait en fonction du statut d'hydratation et était plus importante lors de l'épreuve HYPO que lors des deux autres épreuves. 
 
Malgré la brièveté de l'épreuve (40 km) et la faiblesse de la cohorte, cette étude suggère qu'il n'est pas nécessaire de compenser toutes les pertes hydriques lors d'une épreuve pour rester performant. 
 
En ce qui concerne les performances pures, il est difficile de conclure en raison de l'absence d'épreuve contrôle (bien hydraté avant et durant le contre-la-montre).  En effet, en cumulant les pertes de poids durant l'échauffement et le contre-la-montre toutes les épreuves étaient terminées déshydraté (2.7% pour le groupe EU, 3.8 pour le groupe HYPO et 2.3% pour le groupe FLUID).
 
En conclusion, les plans d'hydratation stricts cherchant à prévenir toute déshydratation même légère ne seraient pas justifiés. Mieux vaut boire à sa soif.
 
Source
Berkulo MA, Bol S, Levels K, Lamberts RP, Daanen HA, Noakes TD. Ad-libitum drinking and performance during a 40-km cycling time trial in the heat. Eur J Sport Sci. 2015 Feb 12:1-8. 
 
 
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à propos de l'auteur

Le Dr Fabrice Kuhn est médecin généraliste, diplômé en biologie et médecine du sport. Il est médecin des équipes de France d'haltérophilie. Il pratique le triathlon ironman, le marathon et l'ultratrail.

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