Sport, santé et performance, le blog du Dr Fabrice Kuhn

  Les secrets d'un médecin qui pratique le triathlon ironman, le marathon et l'ultratrail et qui a écrit Paléofit, pour booster vos performances

Par Fabrice Kuhn

Gel glucidique ou purée de pomme de terre durant l'effort ?

Gel glucidique ou purée de pomme de terre durant l'effort ?

Une étude récente vient d'analyser l'impact sur la performance d'une purée de pomme de terre en remplacement d'un gel de l'effort. Analyse.

 

Le choix de la purée de pomme de terre peut s'avérer judicieux car elle a un index glycémique élevé (74) ce qui, d'ailleurs, doit nous amener à lui préférer d'autres modes de préparations pour l'alimentation au quotidien (pommes de terre vapeur avec la peau par exemple) ou même lui préférer les patates douces.

L'étude

Pour cette étude douze cyclistes de bon niveau (hommes et femmes) ont été recrutés. Il s'agissait pour eux de réaliser une épreuve de vélo (2 h de vélo avec des accélérations et des décélérations comme en course suivies d'un contre la montre approchant les 30 min (6 kJ/kg)) tout en ingérant soit de l'eau (placebo), soit un gel de l'effort ,soit de la purée de pomme de terre. La quantité de glucides était identique qu'elle soit prise sous forme de gel ou de purée (123 et 121 g de glucides respectivement durant la totalité de l'effort).

 

Pas de différences en termes de performances et de physiologie

Les performances étaient similaires tant que des glucides étaient ingérés (purée ou gel). L'apport d'eau seule limitait les performances en contre-la-montre et le travail total accompli. Gel et purée permettaient de réaliser le contre-la-montre en 33 min alors qu'avec de l'eau il fallait plus de 39 min.

Les sensations d'effort (RPE) étaient meilleures tant qu'il y avait apport glucidique.

Gel ou purée augmentaient l'oxydation glucidique et limitaient l'oxydation lipidique dans les mêmes proportions par rapport à l'eau.

Glycémie et taux de lactates étaient identiques tant qu'il y avait apport glucidique.

 

Des différences en termes de tolérance digestive

La différence entre gel et purée se faisait sur les symptômes digestifs qui étaient majorés en cas d'ingestion de purée de pomme de terre par rapport aux gels et à l'eau. Cependant, les taux d'I-FABP, un marquer de dommages intestinaux, étaient limités par l'ingestion de glucides (purée et gel) contrairement à l'eau. Il est reconnu que l'effort altère la barrière intestinale et majore ainsi les taux d'I-FABP. L'ingestion de glucides est une façon de limiter les dégâts intestinaux et la production d'I-FABP. C'est important car les troubles digestifs perturbent les performances de nombreux athlètes d'endurance, en partie à cause de l'altération de la barrière intestinale. C'est aussi pour cela que je vous conseille de prendre des glucides (boisson de l'effort dont le guide a été mis à jour dans "Nutrition de l'endurance") même à l'entrainement lors d'efforts paraissant anodins (1h de course par exemple).

La non-corrélation entre les dommages intestinaux observés à la prise de sang (I-FABP) et les troubles digestifs ressentis pourrait être expliquée par deux raisons. Tout d'abord, la purée a été ingérée froide (en refroidissant les fibres se reforment et l'index glycémique baisse). C'est, d'ailleurs, pour cette raison que je vous conseille de préférer manger les pommes de terre cuites à la vapeur et refroidies. Enfin, il a fallu 184 g de gel pour apporter les 123 g de glucides tandis qu'il a fallu 1028 g de purée pour apporter les 121 g de glucides. Une différence de volume et de poids grandement significative.

Le volume important et la modification structurelle seraient donc les plausibles explications à ces troubles digestifs.

En conclusion

La purée de pomme de terre pourrait donc apporter une alternative aux gels en termes d'efficacité sur la performance mais peut être plus difficile à manier en termes de tolérance digestive. De plus, le rapport apport glucidique/volume à ingérer est beaucoup moins favorable et il est difficile de transporter un tel volume en compétition. À l'entraînement cela paraît plus réaliste. Mais dans cas il faudra quand même s'habituer à manger des gels à l'entraînement pour mieux les tolérer durant les compétitions (je vous en parle dans "Ultraperformance"). Pen revanche, cela a l'avantage de permettre de varier les saveurs. Pourquoi ne pas alterner les deux durant certaines épreuves un peu longues ?

 

 

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à propos de l'auteur

Le Dr Fabrice Kuhn est médecin généraliste, diplômé en biologie et médecine du sport. Il est médecin des équipes de France d'haltérophilie. Il pratique le triathlon ironman, le marathon et l'ultratrail.

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