Elimination, drainage

Que penser des aide-minceur drainants?

Que penser des aide-minceur drainants?

Buvez, éliminez... Boire permet-il vraiment de maigrir ? Comment fonctionnent les draineurs vendus en pharmacie ? Réponse de Daniel Sincholle, Docteur en pharmacie et pharmacologue, co-auteur du Guide des compléments antioxydants.

En gélules, comprimés, ampoules buvables, infusions ou solutions, les produits drainants ne trouvent leur intérêt que si l'on boit régulièrement de l’eau tout au long de la journée. Il semble préférable de les conseiller sous une forme à diluer dans de l'eau. Cela force à boire au moins un litre et demi quotidiennement. La stratégie qui associe une bonne hygiène de vie, une activité physique régulière et la prise de compléments alimentaires facilitant la désinfiltration des tissus peut s'avérer efficace pour réduire fortement la cellulite au niveau des cuisses et des fesses.
Présents dans de nombreuses plantes, les actifs qualifiés de détoxifiants ou drainants agissent soit par un effet diurétique naturel qui favorise l'élimination des déchets, soit parce qu'ils s'opposent à la rétention d'eau.
Les compléments alimentaires à visée drainante peuvent renfermer des plantes ou préparations de plantes, à l'exclusion de celles qui possèdent des propriétés pharmacologiques particulières et qui sont destinées à un usage exclusivement thérapeutique.

Mode d'emploi

En général, une cure d'attaque de deux semaines est préconisée, suivie d'une cure d'entretien d'un mois, durant laquelle la dose quotidienne ingérée est divisée par deux.
Comme certains actifs stimulent l'élimination urinaire, mieux vaut déconseiller une absorption des solutions après 20 heures, au risque de se relever la nuit pour uriner.
Les compléments alimentaires drainants sont tous contre-indiqués chez les femmes enceintes et les enfants. Les draineurs à base d'actifs qui favorisent l'élimination urinaire ne doivent pas être utilisés en cas d'insuffisance rénale et sont déconseillés aux femmes qui allaitent. En favorisant l'élimination urinaire, ces produits entraînent la fuite de sels minéraux par conséquent ils sont déconseillés aux insuffisants cardiaques et aux hypertendus.

Quelques actifs drainants

Rappelons qu’il s’agit la plupart du temps de principes actifs végétaux d’usage traditionnel en phytothérapie et qu’il est probable qu’une bonne partie de leur effet diurétique est lié à la quantité d’eau qu’ils nous font absorber lorsqu’on les consomme sous forme de tisanes, infusions ou préparations diverses. C’est pourquoi, il est recommandé de prendre systématiquement les gélules, comprimés ou sachets de poudre de plantes à visée drainante avec un grand verre d’eau. A ce propos, l’effet diurétique obtenu avec la ou les plantes drainantes peut présenter un intérêt réel dans un programme minceur, qui va bien au-delà d’une simple perte d’eau, à condition qu’il soit le résultat d’une activation des systèmes biologiques de transport actif, gros consommateurs d’énergie, comme par exemple la pompe sodium-potassium qui règle le mouvement de ces électrolytes.

Le thé vert (Camellia sinensis)

Le thé vert, plus riche en caféine que le thé noir, est le composant minceur par excellence, draineur et brûleur de calories. La caféine et les substances apparentées qu’il contient associées à ses flavonoïdes aideraient à l'élimination urinaire, c’est pourquoi il est aussi à ranger dans les actifs drainants.

La queue de cerise (Prunus cerasus)

Ce sont les pédoncules des fruits ou queues de cerises qui présentent des propriétés médicinales traditionnelles notamment contre l'inflammation des voies urinaires (cystite). Elles se préparent habituellement sous forme de décoction, au goût peu agréable. L’activité drainante de la queue de cerise repose uniquement sur la tradition populaire. Son action diurétique serait liée à la présence de potassium, de polyphénols et de sorbitol.

Le bouleau (Betula pendula)

Le bouleau renferme dans ses feuilles des flavonoïdes, des acides phénols et des dérivés lupaniques. Ces actifs faciliteraient les fonctions d'élimination urinaire et digestive. En Europe centrale, la sève du printemps, le « sang de bouleau » est utilisée traditionnellement en cure dépurative : c'est un excellent remède contre l'arthrite. Les feuilles sont aussi utilisées contre les rhumatismes. En phytothérapie, le bouleau est reconnu comme plante drainante, capable d’éliminer les toxines.

L'orthosiphon (Orthosiphon stamineus)

L’orthosiphon ou thé de Java est une lamiacée originaire du Sud-Est asiatique. Il tirerait ses propriétés d'élimination urinaire et digestive du potassium et des flavonoïdes présents dans la tige feuillée. Comme pour beaucoup d’autres plantes d’usage traditionnel, peu d’études scientifiques permettent de conclure clairement à l’efficacité diurétique de l’orthosiphon.

La piloselle (Hieracium pilosella)

C’est la plante qui est souvent associée à l’orthosiphon, elle est utilisée sous forme de plante entière. La présence de flavonoïdes lui conférerait des vertus drainantes. Ces derniers favoriseraient l'élimination de l'eau et des sels minéraux retenus dans les tissus. La piloselle stimulerait également le foie grâce à l'ombelliférone qui augmente la sécrétion biliaire.

Le fragon (Ruscus aculeatus)

Le fragon, encore appelé petit houx allie des propriétés positives à la fois sur la microcirculation des jambes et des chevilles et sur le drainage veineux et lymphatique. Diverses études cliniques rapportent les effets favorables du petit houx sur la microcirculation en particulier au niveau des chevilles et des jambes. L’efficacité des extraits de petit houx dans le soulagement des symptômes de jambes lourdes semble donc établie ; la dose efficace se situerait à 150 mg/jour.

Conclusion

L’intérêt des plantes drainantes réside dans leur action diurétique, parfois agréablement complétée d’une action digestive. Ces plantes n'éliminent pas, à proprement parler, les kilos superflus mais elles peuvent jouer un rôle d’adjuvant dans les régimes amincissants en participant à la désinfiltration des tissus. Elles peuvent aussi permettre de lutter contre l’inconfort abdominal et la sensation de jambes lourdes.
Cependant, il faut prendre une double précaution : vérifier que les plantes sont en quantité suffisante dans les préparations offertes au consommateur. Ces plantes, dont l’utilisation s’appuie le plus souvent sur la tradition populaire, doivent être utilisées en proportion voisine de celle qu’apporte les formes traditionnelles, tisanes, infusion ou décoction. Il faut aussi faire en sorte que les plantes ou les extraits (gélules, sachets, solutions concentrées) soient absorbés avec une quantité d’eau suffisante (au moins un verre de 150 ml).
En infusion, tisane ou en extrait fluide, les préparations commercialisées respectent généralement les doses recommandées par la médecine phytothérapique, mais pas forcément lorsque le produit est présenté sous forme sèche, certes plus moderne, plus pratique aussi, mais ipso facto moins proche de l’utilisation traditionnelle. Attention aux promesses qui ne pourraient pas être tenues !

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