En tant que diététicienne nutritionniste engagée depuis des années pour aider de nombreux patients à lutter contre l’excès de poids, impossible de ne pas vous parler des JEO. Hier et aujourd’hui même, toute l’Europe se mobilise pour lutter contre l’obésité, à travers de nombreuses manifestations. Voir en lien sur le site : http://www.jeo-cnao.fr/
J’ai bien eu l’idée d’organiser un petit quelque chose, avec ma collègue Magali Walkowicz, mais notre timing à toutes les deux a été très très serré et bousculé ces derniers temps. Ce n’est que partie remise…
Un excellent slogan cette année encore (cette manifestation existe depuis 4 ans) : « Halte aux régimes, restons gourmands de bonne santé ! ». Il sera donc mon fil conducteur pour un petit voyage « écrit » au cœur de l’obésité et de sa prise en charge !
D’abord, plantons le décor… L’obésité, c’est un excès de poids par rapport à une norme physiologique qui se calcule avec l’IMC (Indice de Masse Corporelle). Je tiens à préciser que ce chiffre obtenu par le rapport « poids/taille² » n’est qu’un indicateur. Il permet certes une « classification » mais il ne tient pas compte de la morphologie des personnes ni de l’état global de santé. Il est donc à relativiser. Si l’IMC est supérieur à 30, il s’agit d’une obésité simple ; supérieur à 35, c’est une obésité sévère et au-delà de 40 il s’agit d’une obésité morbide.
Continuons notre chemin avec quelques chiffres… impressionnants ! 300 millions de personnes sont obèses dans le monde dont 1 Français sur 7. Parmi ces Français obèses, 600 000 sont en obésité morbide… Et ces chiffres sont en constante progression malgré les compagnes nationales (« Manger, Bouger », le Plan Obésité,…) : depuis l’an 2000, + 5% d’augmentation par an ! L’obésité est responsable de 25% des cancers, 20% des infarctus du myocarde et 50% des patients diabétiques sont obèses ! C’est la 6ème cause de décès en France. D’où l’extrême nécessité de tout faire pour enrayer l’épidémie !
Voyons maintenant les acteurs et la distribution des rôles… Depuis des décennies et avec l’influence notable des USA et de leur mode alimentaire complètement déstructuré, LA solution pour limiter les problèmes de poids résidait dans la mise en place d’un « REGIME ». Tout, vraiment tout, a été envisagé, de plus sain ou plus farfelu, du plus médiatique au plus confidentiel, tout le monde a été au moins une fois dans sa vie au régime… Même moi ! Médecins reconnus ou charlatans en puissance, tout le monde y va de son bon conseil et propose « SA » solution miracle. Je ne citerais pas de noms parce que je sais que vous en avez au moins 1 ou 2 en tête et que vous savez aussi bien que moi qu’une seule chose préoccupe la planète entière : trouver le bon filon pour faire du business… et un business très lucratif !! Et le patient dans tout ça ? Et l’Etre Humain dans tout ça ? Quelques professionnels rigoureux et passionnés s’en préoccupent vraiment et cherchent des solutions durables. Le MIRACLE, lui, n’existe pas en matière de perte de poids. Vouloir se sortir de cette spirale infernale demande du temps, de l’énergie, de l’investissement personnel et une grande volonté de travailler vraiment sur soi. J’en suis le témoin depuis de nombreuses années et l’ai également vécu. Juste pour vous donner quelques pistes reprise du rapport de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, ex-AFSSA) publié en 2010 sur « L’évaluation des risques liés aux pratiques alimentaires d’amaigrissement » : après un régime, quel qu’il soit, 80% des personnes ont repris tout le poids perdu 1 an après de début du régime ; pour une perte de 10% de son poids, on peut perdre 1 à 2% de masse osseuse (et s’exposer à l’ostéoporose) ; pour les régimes très très restrictifs, le risque de mort subite est accru, ainsi que le risque de maladies cardio-vasculaires ; enfin pour les régimes hyperprotéinés, le risque majeur est le début d’une insuffisance rénale. Voilà pour les conséquences physiologiques qui sont multiples et délétères. Ce qui me choque surtout, c’est l’impact psychologique des régimes : la dépression et la diminution de l’estime de soi sont systématiques. Et se met en place un phénomène très dangereux et difficile à vaincre par la suite : le syndrome de restriction cognitive, où la personne, dans le but de ne pas grossir ou de maigrir, s’empêche de consommer certains aliments diabolisés pour leur constitution (gras, sucré, salé,…), contrôle toute son alimentation et saute parfois des repas tout en s’efforçant de faire du sport. Voilà le constat ! Et des personnes en restriction cognitive, nous en connaissons tous et nous, professionnels de la nutrition, en suivons un nombre grandissant. Les régimes, surtout restrictifs, entraînent donc des troubles du comportement alimentaire qui nécessitent une prise en charge pluridisciplinaire beaucoup plus complexe…
Alors, me direz-vous, comment faire pour être bien pris en charge ? Quelles solutions fiables avons-nous ? D’abord avoir un bon sens critique et ne pas croire et tomber dans le premier « panneau » venu. Les gourous de la nutrition savent très bien en jouer mais vous êtes tous et toutes capables de réfléchir par vous-même, avec votre bon sens. Le bouche à oreille fonctionne bien aussi pour trouver un professionnel avec une approche saine de la diététique : apprendre à manger normalement, à savoir faire ses courses, à savoir cuisiner savoureusement au quotidien sans avoir le talent d’un grand chef étoilé, et surtout, surtout, vous respecter sans vous mentir ni vous mettre la pression. Parce que vous l’avez bien compris, un diplôme n’est actuellement pas forcement gage de sécurité ! Et j’en suis la première désolée… Bien évidemment, une personne qui prodigue des conseils sans aucun diplôme ou aucune formation (et il y en a un bon paquet !!) est à fuir vite ! Comme je dis souvent : « Chacun son métier et les patients seront en bonne santé ! ». Après avoir trouvé la perle rare des diététiciens (un peu de chauvinisme professionnel ne fait pas de mal !), il est bon d’envisager une activité physique, sous contrôle médical (médecin du sport ou au moins médecin généraliste, séances de kiné prescrites) et également de réfléchir à une prise en charge psychologique pour évoquer la possibilité de troubles alimentaires, de troubles anxieux et autres qui sont primordiaux à traiter pour enfin sortir la tête de l’eau. Ne pas oublier que tout est inextricablement lié : le corps, l’esprit, les émotions,… Nous sommes un TOUT, en toutes circonstances.
Avant de clore ce parcours, il me reste à évoquer une dernière solution, LA dernière solution qui peut être envisagée (sous certaines conditions drastiques) : la chirurgie de l’obésité. Elle se développe de plus en plus dans notre pays (environ 25 000 à 30 000 patients opérés par an) et doit absolument rester sous contrôle dans son application, sous peine de voir des dérives aberrantes si n’importe qui y avait accès. Si le patient fait partie d’un parcours de soin très bien organisé (recommandations de l’HAS de 2010) et s’implique complètement dans cette démarche (en étant suivi en post-opératoire), les résultats peuvent être vraiment spectaculaires et salvateurs. J’en suis le témoin depuis presque 5 ans : les patients opérés dans l’établissement de santé où je travaille et que j’encadre règlent majoritairement leurs soucis de santé dans l’année qui suit l’opération. Il peut aussi y avoir des échecs, je ne le cache pas. Mais bien souvent, la responsabilité revient au patient qui n’a pas appliqué les conseils qu’on lui a donné pour réussir et qui n’a pas souhaité se faire suivre. Parce qu’un patient suivi est un patient qui réussit ! Pour en savoir plus, « Le guide de la chirurgie de l’obésité » est toujours disponible à la vente chez tous les libraires et sur internet. Si vous vous posez des questions, vous trouverez toutes les réponses nécessaires, avant ou après une chirurgie bariatrique. Elle n’est pas une n-ième méthode drastique, un « régime à vie » mais une aide parfois nécessaire pour s’en sortir et retrouver le plaisir de manger de tout, un peu, simplement, sans esclavagisme.
Le voyage touche à sa fin… Alors oui ! Haltes à toutes ces méthodes ! L’ère des régimes se doit d’être révolue parce qu’elle n’a plus lieu d’être, au vue de la dangerosité avérée de ceux-ci. Soyons gourmands de santé, de bien manger et de « bon manger » ! La clé de la réussite est là, pour tous, dans toutes les situations !
Merci de m’avoir accompagnée jusqu’au bout de ce texte, un peu long, mais nécessaire en ce jour particulier !