Le jeûne

Le jeûne

Effet de mode? Réel intérêt médical? Je vous dis tout!

Lors d’une récente lecture (et elles sont nombreuses et variées en ce moment !), je suis tombée sur un article concernant le jeûne. Cette « méthode », vieille comme le monde, revient en force depuis quelques années, plébiscitée par des études scientifiques qui lui attribuent des vertus extraordinaires concernant certaines pathologies.

Le jeûne, c’est quoi exactement ? Il s’agit d’une privation volontaire de nourriture pendant plusieurs jours et qui consiste à ne consommer que du liquide (eau, tisanes, bouillons,…). Cette approche peut être pratiquée dans un but philosophique, spirituel (pour se purifier, se libérer des obligations corporelles en vue d’élever son âme), religieux (le ramadan, le carême ou le yom kippour sont une forme de « jeûne » qui permet de combattre ses passions), pour perdre du poids ou pour essayer d’atténuer certains problèmes de santé. Aussi simple que cela puisse paraître, je vous propose tout de même quelques rappels physiologiques pour ne pas oublier que s’abstenir de manger, quel que soit le but, n’est pas sans conséquences :

-De par notre constitution génétique, nous sommes en effet programmés pour affronter des périodes de jeûnes. Depuis le début de notre existence en tant qu’Homme, notre organisme a toujours eu à faire face à la pénurie alimentaire et notre métabolisme est bien plus adapté à la frugalité qu’à la surabondance actuelle ! Nous avons la possibilité de tenir environ 45 jours sans manger tout en buvant suffisamment.

-Durant cette période, plusieurs voies métaboliques sont utilisées pour que le corps fonctionne grâce à un élément primordial : le glucose (carburant essentiel, de notre cerveau surtout). Au départ, nous utilisons le glycogène (forme de stockage des sucres) mais les réserves sont très vite épuisées. Alors 2 autres substrats prennent le relais : les graisses de notre tissu adipeux et les protéines de nos muscles.

-La dégradation des lipides permet de produire du glucose mais aussi des composés également utilisés par l’organisme comme source d’énergie : les corps cétoniques. Ces corps cétoniques sont produits lorsque le jeûne se prolonge et entrainent une acidification du corps (baisse du pH) qui peut avoir de grandes répercussions sur le fonctionnement du métabolisme.

-Parallèlement, nous utilisons aussi les protéines musculaires pour produire du glucose et c’est cette protéolyse qui représente un vrai danger. En réalité, cela entraîne un phénomène de dénutrition même si nous ne le ressentons pas : plus de vitalité, meilleure concentration, meilleure réflexion, amélioration des performances physiques. En diminuant notre masse musculaire, même peu, nous nous exposons à un phénomène très connu (à cause de la multitude de régimes restrictifs en vogue !) et difficile à canaliser : la diminution du métabolisme de base. Une fois que celui-ci est « bas », il est extrêmement difficile de le « remonter » ! Et nous nous exposons, par la suite, à une prise de poids, même si notre alimentation est correcte et « contrôlée », puisque notre organisme dépense moins pour son fonctionnement de base.

Je tiens à faire une dernière mise au point : lorsque nous jeunons, nous perdons d’abord du sel et de l’eau avant de s’attaquer aux graisses. Les muscles aussi sont attaqués même si on peut vous affirmer le contraire, dans le but de vous vendre une « méthode » fiable clé en main ! Cette perte hydrosodée est très relative et une fois le jeune terminé, votre organisme retrouvera son « quota », quoi que vous fassiez ! Donc la perte de poids n’est pas une réelle perte : c’est un leurre !
De plus, lorsque votre organisme déstocke vos réserves en graisses (c’est également le cas lors d’une « vraie » perte de poids importante), il libère des substances toxiques dans le sang. En effet, la plupart des agents toxiques retrouvées dans l’air, l’eau et les aliments (pesticides, additifs, polluants en tout genre) sont liposolubles et sont donc dissimulés dans le tissu adipeux sans que l’organisme sache comment les traiter. Cette libération de toxiques peut avoir des conséquences néfastes sur le fonctionnement du corps, surtout si vos systèmes d’épuration ou d’évacuation (rein, foie, poumon) ne sont pas performants. D’où l’intérêt de drainer et nettoyer son organismes (ceci fera l’objet d’un prochain article!).

Malgré toutes ces mises en garde, je pense que nous pourrions subtilement tirer parti des effets bénéfiques du jeûne. Certains pays, comme le Canada, le proposent de manière médicale et ont réalisé des études à ce propos avec des résultats sur la santé de patients. En France, cela n’est pas le cas et nous nous en tenons à attendre les résultats d’études en cours. Personnellement, je suis assez septique et me méfie des gourous et autres personnes bien intentionnées qui peuvent vous vendre cette méthode dans un but lucratif (payer cher un séjour pour dormir, boire de l’eau et marcher, avouez que c’est très très rentable et à la portée de tous !!).

Par contre, il a été question récemment d’adopter une forme de jeûne partiel pour des patients traités en chimiothérapie pour un cancer. Prenant en charge moi-même ce type de patients, j’ai déjà été confrontée aux questions de mes patients. Les conclusions des études n’étant pas complètement rendues à ce sujet, je ne me suis pas aventurée à le conseiller. Mais un de mes patients a testé et le résultat est assez bluffant : ce monsieur mange très peu la veille du traitement (bouillon de légume, compote, yaourt). Le jour J, il ne mange pas mais s’hydrate bien et le lendemain, il mange peu, comme la veille du traitement. Le 2ème jour, il reprend son alimentation normale avec les conseils que je lui avais donnés. Et là, aucun effet secondaire, aucun désagréments. Je précise aussi que ce patient est suivi en homéopathie et en naturopathie et que ces médecines complémentaires sont très intéressantes dans ce cadre particulier.
En résumé, le jeûne peut être une piste d’avenir mais toujours sous contrôle et avec beaucoup de précautions ! Comme tout ce qui est à la mode du moment, il faut savoir rester vigilant et critique et ne pas se laisser entraîner sur des voies tortueuses dont il peut être difficile de ressortir indemne !

A bon entendeur…

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à propos de l'auteur

J'ai su très tôt que je voulais aider les gens à préserver ou retrouver leur santé. Peut-être parce que cela faisait écho à quelque chose de profond en moi... Restait à trouver dans quelle spécialité. J'avais envisagé la kinésithérapie et l'ostéopathie mais la diététique a été plus forte que tout!

Diététicienne-Nutritionniste depuis 2005, j'ai travaillé en libéral, en psychiatrie (TCA, addictologie, dépressifs, psychotiques,...) et en gériatrie. Très intéressée aussi par la nutrithérapie, je collabore avec le laboratoire français NUTERGIA qui m'a formée aux grands principes de soins par les nutriments, déjà partie intégrante de métier. De 2009 à 2015, j'ai travaillé dans une clinique privée de la banlieue toulousaine où je m'occupais en particulier de patients opérés d'une chirurgie de l'obésité, au sein d'une équipe pluridisciplinaire. Je réalisais des ateliers d'éducation thérapeutique avec eux afin de bien les préparer à leur nouveau rythme alimentaire. Je prenais également en charge des patients atteints de cancer et traités en chimiothérapie, des patients en soins palliatifs, des dialysés, des patients ayant subi une chirurgie digestive, des patients en réanimation, ... etc. Cette diversité de cas m'a permis d'en apprendre toujours plus à leurs côtés, aussi bien d'un point de vue professionnel qu'humain.

Depuis plusieurs années, je m'intéresse particulièrement à la psychologie, la psychanalyse et toutes les formes de thérapies qui en découlent. Grâce au yoga, j'en suis venue à m'essayer à la méditation de pleine conscience, que je pratique régulièrement afin de développer ma spiritualité. J'ai ainsi découvert d'autres techniques psycho-énergétiques qui influencent positivement ma vie : EFT, Ho'oponopono, magnétisme, communication intuitive, ... Curieuse et passionée, je continue à lire, voir et expérimenter toute sorte d'approches holistiques comme la médecine intégrative.

Passionnée par les animaux, la Nature et cavalière depuis 25 ans, j'aime randonner et découvrir ma région sur le dos de mon cheval. Je m'intéresse beaucoup à l'équithérapie (soin psychique médiatisé par le cheval et dispensé à une personne dans une dimension psychique et corporelle, définition de la SFE) et à la zoothérapie/médiation avec les animaux, parce que j'estime qu'ils représentent une piste d'avenir pour l'être humain, en tant qu'accompagnateurs et thérapeutes.

Après une période de remise en question concernant mes attentes et mon avenir professionel, je poursuis mes projets d'écriture (concours de nouvelles, poèmes, roman) et continue d'en apprendre davantage dans ce domaine. Ce temps de réflexion m'a permis de m'orienter vers l'enseignement afin de pouvoir transmettre tout ce que j'ai pu apprendre sur le terrain pendant ces années. J'ai repris mes études en Master MEEF avec joie et apprehension et décidé de passer un concours de l'enseignement, que j'ai réussi en juin 2016. Une nouvelle voie professionnelle, en continuité avec mon coeur de métier, s'ouvre à moi et de nouveaux domaines de connaissances me passionnent comme les sciences de l'éducation, la recherche, l'éducation à la santé. 

Pour me contacter : esentenac.dietnutri@gmail.com

Page FB : Elodie Sentenac Diététicienne Nutritionniste

Twitter : @ElodieSentenac

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